Où donc est passée l'eau?

Un petit air de forêt vierge: des arbres recouverts de mousse, du vieux bois en abondance, des fleurs, des oiseaux et des insectes. Il ne manque plus que Mowgli qui se balancerait de branche en branche. Pas si vite: le lit du ruisseau est certes là, mais seules les pierres brillent d’un blanc éblouissant. Il est évident que de l’eau coulait ici il y a peu, mais où est-elle passée? Henri Cosandey, de Neuchâtel Rando, a promis une randonnée qui révèlerait où elle a disparu. La combe de Biaufond est son cadre. C’est le printemps et il a beaucoup plu le mois dernier. Pourtant, ce ruisseau est à sec. Comment est-ce possible?

Voies obscures de l'eau

La randonnée démarre à La Rasse. Sa destination est La Chaux-de-Fonds, car le bus entre la ville et la vallée du Doubs ne circule que deux fois par jour. Mais elle a aussi pour but l’exploration d’un phénomène naturel: les voies souterraines de l’eau dans le Jura plissé. La roche est dominée par le calcaire. Ce dernier étant soluble, l’eau a largement sculpté le paysage du Jura neuchâtelois et donné naissance à ses dolines, ses gorges et ses bassins typiques.

Le canton compte ainsi plus de 400 grottes et une majorité de rivières souterraines. L’eau disparaît souvent dans le sol sur plusieurs kilomètres, avant de revenir à la surface. Quant à savoir où elle s’écoule exactement, cela reste une énigme, même pour les spécialistes en hydrologie et en géologie.

Le Doubs a taillé son chemin dans les épaisses couches calcaires de l’Arc jurassien. Il marque la frontière entre la Suisse et la France sur une longueur de près de 44 kilomètres, notamment ici, à La Rasse. Une fois le pont aux rambardes rouges franchi, la première demi-heure de randonnée se déroule sur le territoire français. Un étroit chemin enchanteur suit la rivière. L’air du matin est encore frais, l’eau translucide. La signalisation française conduit jusqu’à la douane et au lac de Biaufond, qui est une retenue artificielle.