Randonnée dans la Vallée Onsernone: forêts et ruines tessinoises
A l’automne, les forêts de la Valle Onsernone ressemblent à une mer ondoyante de couleurs éclatantes, dont les hameaux accrochés à la pente émergent telles des îles. Spruga, le village le plus reculé de la vallée, est un point de départ idéal pour plonger dans la nature sauvage. Une route forestière bitumée, mais interdite au trafic motorisé, mène en descente sur le versant gauche de la vallée, en direction de la frontière italienne. La marche de 40 minutes à pied peut être vue comme une méditation introductive. Première destination: les Bagni di Craveggia, des bains thermaux historiques en plein air, dans la zone frontalière inhabitée entre la Suisse et l’Italie. L’installation en partie délabrée a été reconstruite et permet de s’accorder un bain dans une eau à près de 30 degrés. La station thermale est en accès libre et gratuite. Hormis les bassins, une petite chapelle et une aire de pique-nique, il n’y a ici aucune infrastructure. Les montagnes sauvages et escarpées dans le fond de la vallée, côté italien, valent elles aussi le détour. Le tracé exact de la frontière ne peut qu’être deviné et on la traverse sans le réaliser. Sur le chemin, une caserne abandonnée des carabinieri indique que la région n’a pas toujours été aussi paisible. Il va quasi sans dire que des chemins de contrebande passaient autrefois par ici. Le retour le long de la rive droite de l’Isorno regroupe tous les ingrédients d’une randonnée tessinoise: il est étroit, raide, solitaire, mais pas dangereux. L’important est de garder la météo à l’œil. La pluie peut rendre les petits affluents infranchissables. Une fois revenu sur la rive gauche de l’Isorno, le chemin de montagne passe à côté des ruines d’anciens hameaux, grimpant d’abord en douceur, puis abruptement en direction de Comologno. C’est là que s’achève la randonnée, avec une vue grandiose sur toute la vallée.
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L’eau est à 28 degrés et elle ruisselle de la montagne, presque pile à la frontière entre la Suisse et l’Italie: la source thermale des bains de Craveggia, située à 1000 mètres d’altitude au fond de la Valle Onsernone, était déjà utilisée au Moyen Age. Au XIXe siècle, une petite station thermale voit ici le jour et attire même une clientèle venue de Milan. En 1951, une avalanche met toutefois fin à son exploitation commerciale.
Si les bains historiques sont spectaculaires, l’histoire de la frontière qui traverse la vallée sauvage de l’Isorno l’est tout autant. Le terrain difficile faisait de la région une zone lucrative pour les contrebandiers, qui pouvaient transporter du riz en Suisse ainsi que du sucre et des cigarettes en Italie, en échappant à la surveillance des garde-frontières.
En octobre 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale, les bains sont le théâtre d’un incident dramatique. Après la chute de la République d’Ossola, plusieurs centaines de partisans italiens se réfugient dans la Valle Onsernone par les chemins de contrebande. Les troupes germano-italiennes fascistes se lancent à leur poursuite, mais les garde-frontières suisses leur interdisent de franchir la frontière. Deux hommes sont alors tués durant les affrontements qui s’ensuivent au niveau des bains de Craveggia.
Aucune trace de cette tragédie ne subsiste toutefois à l’oasis de bien-être que sont aujourd’hui les bains. Dans ce lieu reculé, la frontière a un rôle quasi inexistant. Le trafic principal émane ici de la meute de loups qui évolue entre la Valle Onsernone et l’Italie depuis 2021.
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