Négocier sa liberté au prix fort

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26.02.2021 • randonneuseexperimentatrice

Négocier sa liberté au prix fort

Mon amie Amélie et moi avons gravi ensemble tous les sommets des Alpes bernoises et une bonne partie de ceux des Alpes valaisannes. Imaginairement, bien sûr. La plupart du temps confortablement installées à la table de sa cuisine ou dans mon salon, une tasse de cappuccino à la main, alors que nos fils étaient en train de s’adonner bruyamment au massacre de l’armée de doudous qui les attaquait.

Attention, je ne suis pas en train de dire que parentalité rime avec pantouflage: Amélie et moi trimballons régulièrement nos progénitures respectives à l’assaut des collines environnantes. Reste que pour deux mamans actives –nous cumulons quatre enfants et 160% de taux d’occupation professionnelle -, partir randonner entre copines relève du défi logistique de première catégorie. Ce défi, nous avons décidé de le relever en ce début d’année.

Principal challenge: trouver une date qui plaise aussi bien à nos agendas qu’à celui du père des enfants de mon amie, gentiment prié de jouer les baby-sitters. Par sécurité, nous nous y prenons plusieurs semaines à l’avance. S’ouvre une première ronde de négociations, dont le résultat est plutôt équitable: si Amélie s’offre une excursion le samedi, son époux prendra sa liberté le lendemain. Tope là. Le hic? Quelques jours avant le week-end retenu, les prévisions météo sont cauchemardesques pour le samedi. A l’inverse, le dimanche s’annonce ensoleillé. Deuxième ronde de négociations: si son mari accepte d’intervertir les jours de «liberté», mon amie s’engage à assumer seule la lessive – une corvée que son cher et tendre hait plus que tout autre – durant deux semaines. Cette fois, c’est un bisou qui scelle le pacte.

Brouillard et vin chaud

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Un pas énergique et une séance de papotage intensif font (presque) oublier la météo exécrable.

Malheureusement, comme le savent tous les amateurs d’activités en plein air, la météorologie n’est pas une science exacte. Dimanche matin au réveil, je découvre avec horreur qu’on annonce désormais un temps exécrable pour la journée. Entêtées, nous mettons quand même le cap sur Beatenberg. Lorsque nous sortons du funiculaire, la pluie a cédé la place à un brouillard à couper au couteau. Nous attaquons la montée sur le Niederhorn d’un pas énergique, bien décidées à ne pas nous laisser démoraliser pour si peu. Et avons tôt fait de constater qu’il n’est pas si grave d’être privées de vue lorsqu’on papote à bâtons rompus. Mieux encore: étant donné que nous sommes quasiment seules sur le chemin de randonnée hivernale, cette montagne habituellement si fréquentée semble nous appartenir. D’ailleurs, au sommet, c’est un employé des remontées mécaniques un peu surpris par notre présence qui nous tend les luges qui nous serviront à rejoindre Vorsass.

Comme deux gamines, nous nous élançons sur la piste en riant à gorge déployée. Arrivées à Vorsass, nous voyons avec incrédulité les nuages s’écarter et un rayon de soleil inespéré se faufiler jusqu’à nous. Ce cadeau du ciel, nous décidons de le célébrer en buvant tranquillement un vin chaud. Un peu trop tranquillement: lorsque mon amie pense à consulter sa montre, elle constate que nous n’avons plus aucune chance d’attraper le train prévu. «Ça va me coûter deux semaines de lessives supplémentaires», bougonne-t-elle. Pour la consoler, je lui offre un second vin chaud. Après tout, ce n’est pas souvent que les parents ont l’occasion de picoler un dimanche après-midi.

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Un cadeau du ciel inespéré: les nuages se dégagent en face de Vorsass.

L’itinéraire: Beatenberg (BE) – Vorsass – Niederhorn – Vorsass

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