Quand le bon Dieu créa Conches, il parcourut la vallée d’un pas décidé et répartit la forêt entre les villages. Arrivé à Lax, il se retourna et remarqua qu’il avait oublié une parcelle. En guise de compensation, il la baptisa Bellwald, «belle forêt». Cette légende donna aussi aux villageois leur surnom: Angsthasen, littéralement «lièvres froussards». En effet, ils auraient fait preuve de couardise en n’osant pas réclamer leur part de forêt au Créateur. La randonnée hivernale qui descend de Flesche à Bellwald via Mutti donne le temps de méditer sur cette légende. Au début de la randonnée, le chemin est abrupt et traverse une forêt clairsemée. Il bifurque ensuite sur une route de montagne plus large et redescend doucement vers Steineregga. Les randonneurs et les skieurs se partagent la piste et cela fonctionne bien, selon les Bellwald Sportbahnen AG. Tout le sentier est ensoleillé et panoramique. Logique, puisque les habitants de Bellwald ont été oubliés lors de la répartition des bois. Dans la haute vallée de Conches, se taquiner fait partie des traditions. Les sobriquets ne sont pas tous aussi gentils que celui des habitants de Bellwald. A Oberwald, les habitants sont des «cochons», à Münster des «mangeurs d’ours», à Fieschertal des «bouteilles de schnaps» et à Binn des «menteurs». Personne ne connaît vraiment l’origine de ces surnoms. La plupart du temps, ils apparaissent spontanément et perdurent durant des générations, expliquait l’auteur valaisan Anton Bielander dans une petite étude sur le sujet. Selon lui, les noms auraient rendu la cohabitation entre les villages voisins supportable et auraient mené à des joutes oratoires bénéfiques pour l’âme.