Randonner en été • Suisse Rando

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Des lieux chargés d’histoire au pied du Jura VD N° 1110
La Sarraz — Romainmôtier • VD

Des lieux chargés d’histoire au pied du Jura VD

Au château de La Sarraz régnait autrefois un noble chevalier qui était épris de la fille du comte de la région, certes belle, mais très hautaine. Il demanda sa main et, grâce à l’aide de ses généreux parents, il put s’acquitter de la dot demandée et épouser sa bien-aimée. La nouvelle maîtresse des lieux était cependant méchante et parvint à convaincre son époux d’expulser ses vieux parents du château lors d’une froide nuit de tempête. Lorsque la noble mais cruelle assemblée, tout en se raillant du pauvre couple, voulut ensuite goûter à un festin, une terrible malédiction s’abattit sur le chevalier … Cette randonnée sur les traces du chevalier de La Sarraz, véritable fils indigne, permet d’admirer de nombreux sites naturels et monuments culturels du pied du Jura vaudois. Le château fort, toujours présent, abrite un musée du cheval et d’autres curiosités. Après avoir quitté la jolie bourgade de La Sarraz, on pénètre dans la forêt. A la Tine de Conflens, le confluent du Veyron et de la Venoge, les eaux offrent un spectacle naturel grandiose. Près d’ici se trouve le bois de chênes séculaires des Buis de Ferreyres. Là où, autrefois, on extrayait du minerai de fer et on brûlait de la chaux se trouve une réserve naturelle aux allures méditerranéennes. Le chemin descend dans les profondes gorges boisées du Nozon. Non loin de Croy, la petite rivière du Jura vaudois se précipite d’un balcon rocheux pour former la spectaculaire cascade du Dard. Le chevalier repentant était-il venu chercher ses parents dans ce lieu sauvage? Sur le cours supérieur du Nozon, des traces des temps jadis sont très présentes. Dans la petite ville médiévale de Romainmôtier, on admirera l’abbatiale plus que millénaire et on remontera sans difficulté, dans un tel décor, à l’époque des chevaliers et des pèlerins, des nobles dames et des moines.
D’Olivone à Acquarossa N° 1160
Olivone — Acquarossa • TI

D’Olivone à Acquarossa

Entre Olivone et Acquarossa se trouve le Val Blenio qui s’étend presque parfaitement du nord au sud. Cela favorise l’exposition au soleil pendant toute l’année, notamment parce que la vallée n’est pas profonde mais plutôt large et douce sur presque toute sa longueur. Il arrive, certes, que la neige tombe jusqu’au fond de la vallée en hiver, mais elle ne tient jamais longtemps face au fort ensoleillement. On comprend donc pourquoi elle est également appelée «Valle del Sole». Le randonneur peut en tout cas bien profiter du soleil sur le Sentiero basso. Le chemin de la vallée, qui relie villages et hameaux, traverse les bois isolés et la prairie pleine de promesses. De nombreux bijoux architecturaux bordent l’itinéraire. À Olivone, on commence directement par longer les maisons de maître du XIXe siècle dans le quartier de Chiesa, qui entoure l’église du village. On parcourt ensuite un terrain ouvert et des forêts clairsemées pour atteindre le petit village de Ponte Aquilesco. La différence d’altitude est tout aussi divertissante que le terrain. Le sentier suit le plus souvent une légère descente, il y a cependant de courtes montées à franchir de temps en temps, plus ou moins au niveau du tronçon entre Aquila et Torre via Dangio. Les villas imposantes, les églises menues et les coquettes chapelles montrent clairement l’influence italienne sur la culture architecturale de la région. Depuis le versant situé derrière la chocolaterie désaffectée de Dangio, la vue sur la vallée est magnifique. Même pendant la période froide de l’année, sa végétation lui confère un aspect de fraîcheur. Dans les jardins, des palmiers et en toile de fond, les sommets enneigés: un heureux contraste! Les autres petites merveilles à voir en chemin sont le clocher de l’église romane de Torre, le charmant hameau de Grumo et les voies de communications historiques bien entretenues qui relient Lottigna à Acquarossa, terminus du circuit.
La forêt vierge de Scatlè N° 1077
Breil/Brigels — Andiast • GR

La forêt vierge de Scatlè

Les forêts vierges sont des forêts qui se développent sans exploitation humaine durant des siècles. La Suisse n’en compte que trois. La plus petite, qui est aussi la plus élevée, est celle de Scatlè, dans le Val Frisal, derrière Brigels. Des épicéas de plus de 600 ans et un unique sapin blanc se dressent dans la pente près de Chischarolas. Trop pentue pour l’exploiter - 35 à 45 degrés de dénivelé -, la forêt a été laissée aux mains de Dame Nature. La Scatlè est un site protégé depuis 1911. Des arbres jonchent le sol et servent de berceau à de nouvelles vies d’insectes ou d’arbres. L’EPF de Zurich dirige régulièrement des recherches sur ce développement. La plupart des randonneurs passent leur chemin sans même remarquer cette forêt. Ce n’est pas un hasard, car la Scatlè n’est accessible qu’en compagnie d’un guide. Le chemin qui part de Brigels et traverse le Val Frisal jusqu’au refuge Bifertenhütte effleure tout juste la réserve. La place de pique-nique de Chischarolas se trouve à son orée. On découvre une belle vue sur les épicéas multiséculaires et la vallée sauvage livrée à elle-même en montant vers l’alpe Rubi Sura, même si le sentier abrupt met hors d’haleine. La dernière partie jusqu’à la Bifertenhütte est plus facile et agréable. S’il reste des forces, un tour sur le sommet Muot da Rubi (à 2745 m d’altitude) s’impose. Mais attention, car le chemin n’est pas officiellement signalisé. Le deuxième jour de randonnée a quelque chose d’archaïque. Le désert de pierres, qui semble infini, entre le Bifertenhütte, Falla Lenn et Fuorcla da Gavirolas est d’une solitude sans pareille. On s’y sent invisible. Le paysage reprend peu à peu vie au cours de la longue descente vers Andiast. Le deuxième chemin passe par Cuolm da Nuorsas et les alpes Dadens Sura et Dadens Sut.
En famille au Lag da Laus N° 1078
Miralv, Pt. 1082 — Stn. Sumvitg-Cumpadials • GR

En famille au Lag da Laus

Partir en famille vers le Lag da Laus permet de faire de jolies découvertes mais attention, la randonnée est exigeante, il faut compter la journée pour la faire avec de petits enfants. En automne, les bolets et les chanterelles pointent, et comme une partie du tronçon se situe en forêt, toute la famille peut chercher les champignons. Pour rejoindre le point de départ de la randonnée, il faut prendre le bus alpin à Rabius/Surrein et demander au chauffeur de s’arrêter au P. 1082/Miralv. De là, on emprunte un chemin à travers la forêt de Uaul da Puzzastg jusqu’à Hettas. Ici, on profite de la vue sur les villages environnants. On part ensuite direction le Lag da Laus vers Bostg. La montée sur l’alpage est abrupte. Pour donner du courage aux enfants, on les exhortera à chercher de jolies pierres. En effet, la région est réputée pour ses minéraux. On peut aussi créer un tire-fesse ludique avec une branche de bois pour aider les plus petits à monter. Le lac dévoile enfin ses beautés. Lorsque le soleil brille, son vert émeraude limpide flamboie. On peut y pique-niquer ou griller des saucisses. Les moins frileux y tremperont les pieds. On entame la descente vers Hettas, accompagnés du brame des cerfs qui retentit dans les montagnes. On traverse ensuite Laus, joli village typique des Grisons, tout en profitant de la vue dégagée. Pour rendre la randonnée plus accessible aux petits, il est possible de poser la voiture ici. Une route emmène ceux qui continuent à pied vers le fond de la vallée, où un arrêt à la grande place de jeu sera le bienvenu. Puis, on traverse le Rhin antérieur et on remonte par la route en direction de la gare de Sumvitg-Cumpadials. L’occasion sur place de visiter l’association agro-touristique Amarenda.
Vallée de la lumière N° 1079
Lumbrein — Surcuolm • GR

Vallée de la lumière

L’itinéraire mène du Val Lumnezia rhéto-romanche à Obersaxen, commune walser où le suisse-allemand domine. Voilà pourquoi la montagne se nomme à la fois Péz (romanche) et Piz. Cette randonnée sur les crêtes entre les vallées du Rhin de Vals et du Rhin antérieur étant exigeante, il est conseillé de se rendre sur place la veille et de dormir à Lumbrein, le lieu de départ. Les chemins de randonnée pédestre sont nombreux, on suivra les panneaux indiquant la direction de Sum Cuolm et du Piz Sezner. La première partie s’effectue brièvement sur de petites routes d’alpage, d’où l’on peut admirer les montagnes environnantes. A partir de Schlareins, le sentier est bordé en automne de bruyères en fleurs et de plantes aux teintes cuivrées. Le premier sommet de cet itinéraire des crêtes est aussi le plus élevé: le Piz Sezner est agréablement recouvert d’herbe. A la croix du sommet, la vue porte pour la première fois vers le nord, survole la région d’Obersaxen et s’ouvre, de l’autre côté, sur la Surselva et le village de Brigels. Le panneau indicateur prévoit deux heures pour rejoindre le Piz Mundaun par la crête, mais c’est une durée un peu optimiste. Le chemin de montagne est étroit, descend pour mieux remonter sur le mamelon suivant, et la vue est si grandiose que l’on s’arrête constamment pour l’admirer. Le Piz Mundaun a déjà été comparé au Rigi de Suisse centrale, et les autochtones l’appellent le Rigi des Grisons. Comme le parcours est long, on ne saurait dédaigner la terrasse de la cabane du Piz Mundaun, qui offre la seule possibilité de se restaurer. En empruntant le télésiège pour descendre à Cuolm Sura, on peut raccourcir le trajet. D’ici, il ne reste plus qu’une descente confortable jusqu’à l’arrêt du car postal à Surcuolm.
Au-delà de la forêt N° 1080
Oberalppass — Sedrun • UR

Au-delà de la forêt

Ceux qui ne partent pas avec un tamis pour chercher une pépite d’or, mais avec des chaussures de marche seront ravis de découvrir la partie supérieure de la Surselva. Le tronçon du chemin d’altitude Senda Sursilvana situé entre le col de l’Oberalp et Sedrun vaut son pesant d’or. Par rapport au parcours complet, qui se termine à Coire, cette étape est celle qui offre les plus beaux panoramas. L’itinéraire débute au col de l’Oberalp, face à l’auberge Piz Calmot. L’indication «Senda Sursilvana» est présente tout au long du parcours. Après une brève montée agréable sur une petite route en gravier, le chemin, plus étroit, passe par des prairies fleuries et devant des remontées mécaniques au repos. En descendant vers Milez et le restaurant Las Palas, on voit déjà Sedrun, but de la journée, mais la distance est trompeuse! Le chemin d’altitude monte encore sur quelques mètres le long de la pente. Après s’être reposé dans le restaurant calme en été, on poursuit l’ascension, puis on descend à travers la forêt. Au croisement avec la petite route goudronnée, il faut monter à nouveau, à moins de vouloir interrompre l’excursion et rejoindre la vallée. Si l’on décide de continuer, on grimpera encore un peu avant de parvenir à Sedrun par une large ouverture dans la vallée. La randonnée peut être prolongée avec des étapes supplémentaires. La Senda Sursilvana compte en effet plus de 100 kilomètres et ne prend fin qu’à Coire. Mais on peut aussi préférer se consacrer, le lendemain, à l’orpaillage et entrer dans le Rhin de Medel, près de Disentis, à condition d’avoir un bon équipement, de bonnes instructions et de la patience. La recherche de paillettes d’or, voire de pépites, est une tâche de longue haleine.
Le long des deux Emme N° 1082
Flühli — Escholzmatt • LU

Le long des deux Emme

Depuis juin 2014, un chemin de randonnée longe la Wiss Emme de Schüpfheim à Escholzmatt. Un nouveau plaisir pour les randonneurs et aussi du travail en plus pour Franz Süss et Peter Frankhuser, deux bénévoles des Luzerner Wanderwege qui sont responsables du nouveau chemin. Ils ont installé les panneaux indicateurs, peint et apposé de nombreux losanges et contrôlent désormais régulièrement le chemin. Ils sont encadrés par l’organisation locale qui s’occupe des chemins de randonnée, elle-même soutenue par l’association faîtière Suisse Rando. L’itinéraire montre une nouvelle facette - plate - de l’Entlebuch. A gauche et à droite se dressent les sommets verdoyants typiques, tandis que les randonneurs peuvent ménager leurs jambes sur le chemin en gravier qui longe et traverse la Wiss Emme. Les visiteurs sont surpris par le nombre de ponts. Franz Süss explique: «Beaucoup de terres agricoles ont été découpées lors de la canalisation de la Wiss Emme. Les paysans ont eu leurs propres ponts, afin de pouvoir exploiter leurs terres.» Pour les randonneurs, c’est un peu de romantisme vénitien au coeur de l’Entlebuch, sans la cohue des touristes. Ceux qui trouvent la randonnée trop courte ou trop plate pourront commencer à Flühli. Ici, le parcours suit les rives intouchées de la Waldemme. Il redevient pentu et sinueux à partir des gorges du Lammschlucht. A Chlusstalde, la Waldemme est de nouveau domestiquée, seul le chemin poursuit ses sillons: après une jolie place de pique-nique, il suit le bord de l’eau en montant et redescendant vers Ey, où se dresse le premier panneau indicateur du nouveau chemin de randonnée. En traversant le vieux pont en bois, à droite, on arrive au restaurant Bad. Une fois ravitaillés, on peut repartir en longeant la Wiss Emme jusqu’à Escholzmatt.
Sur les hauteurs de Vallorbe N° 1083
Vallorbe • VD

Sur les hauteurs de Vallorbe

Ancienne fortification militaire du Jura vaudois, le fort de Pré-Giroud mérite une visite. Une randonnée attrayante en boucle depuis Vallorbe permet de l’atteindre, non sans quelques efforts. Mais les efforts physiques ne sont pas encore d’actualité. La balade débute par plusieurs pages d’histoire. Celle tout d’abord de la gare de Vallorbe inaugurée il y a tout juste 100 ans et dont on appréciera le hall d’époque. Plus bas, au bord de l’Orbe, le Musée du fer et du chemin de fer rappelle qu’à cet endroit les Grandes Forges avaient vu le jour en 1495. Plus loin, c’est l’imposant viaduc de Vallorbe, en service depuis 1870, qui attire l’attention du randonneur. Les choses sérieuses - physiquement parlant - commencent après la gare du Day. Dans la forêt, puis dans un champ, le sentier en pente raide conduit à l’entrée du fort de Pré-Giroud. Camouflage oblige, celui-ci ressemble à un chalet, visible de loin, grâce à une grande croix suisse qui l’orne. La randonnée se poursuit, toujours avec une pente ascendante. Sur la crête, l’effort est alors récompensé par un beau pâturage typiquement jurassien avec ses murs de pierres sèches et ses sapins. Quelques pas encore, et une petite butte permet d’apercevoir deux sommets vaudois bien connus: la Dent de Vaulion à l’ouest, le Chasseron à l’est. Légèrement vallonné, un sentier, puis un agréable chemin forestier conduisent tour à tour au Plâne, où se trouve une culture de plantes médicinales. Un regard sur la vallée au sud et il faut remonter sur la crête. Et la descente sur Vallorbe commence. Ici encore, un sentier se faufile entre les rochers, puis un long chemin forestier s’offre au randonneur. La forêt passée, Vallorbe se présente, magnifique, dans toute sa longueur.
Dans une vallée escarpée N° 1084
Bignasco — San Carlo • TI

Dans une vallée escarpée

Dans un nuage d’écume, la Bavona trace son lit dans la vallée depuis les hauteurs du Basodino et traverse un étrange univers rocailleux. D’immenses blocs de roche se sont détachés, ensevelissant des maisons, et des crues ont détruit églises et hameaux. Jusqu’au XVIe siècle, les habitants ont affronté la violence des éléments, s’établissant dans ce cadre inhospitalier. Ils ont utilisé des blocs et des plaques de pierre pour construire les «splüi», des abris pour les animaux et les provisions, et aménager de petits jardins sur des dalles de roche. Plus tard, ils se sont mis à passer l’hiver à Bignasco et à Cavergno. Dès le mois de mai, ils remontaient dans les hameaux du Val Bavona pour y faire paître leurs troupeaux sur les alpages. Les refuges ont servi jusqu’au siècle passé. La route n’a été construite qu’en 1956. Sur le pont de Roseto, une inscription rappelle une des nombreuses crues. Fado et Sonlerto ont été plusieurs fois détruits par des glissements de terrain. En 1992, seules quelques maisons de Faedo ont été épargnées. Sonlerto est né sur les vestiges d’un glissement de terrain. Cette région sauvage s’offre aujourd’hui au randonneur comme un musée en plein air, avec ses refuges construits par les hommes. Désormais, les maisons servent d’hébergements de vacances. Et le chemin qui traverse les douze hameaux du Val Bavona et passe devant la chute d’eau de Foroglio est le même que celui qu’empruntent jusqu’à ce jour les processionnaires du premier dimanche du mois de mai. Il monte de Cavergno jusqu’à l’église de Gannariente. San Carlo est situé au bout de la vallée. D’ici, un téléphérique monte dans la région du glacier du Basodino. A peine quelques heures en bus et en remontée mécanique séparent les palmiers du lac Majeur des glaciers du Basodino.
Dans l'ouest agréable N° 1026
Chancy — Dardagny • GE

Dans l'ouest agréable

Comme c’est souvent le cas dans le canton de Genève, c’est une randonnée de y en y dont il s’agit ici. En clair: de Chancy à Dardagny ou, encore, des champs à la vigne, le long du Rhône et de la frontière franco-suisse. En fait, le Rhône, on le devine seulement, au départ de Chancy, en contrebas, entre les arbres, puis à La Plaine, lorsqu’on le traverse. Le canton de Genève est petit, la ville est grande. Mais, ici, aux confins de la république, la campagne est paisible, reposante. Vaste même. On le voit bien au Martinet, un lieu-dit plein de carrefours où il faut faire confiance aux écriteaux de Genève Rando pour trouver son chemin. Le paysage est vallonné. A l’ouest, le regard se porte sur une percée dans la chaîne du Jura français, en direction de Lyon. Une magnifique allée de peupliers se faufile entre les champs. On marche vraiment par monts et par vaux. La formule n’est pas galvaudée. A Avully, les restaurants sont accueillants, comme le village dont on devine le passé rural. A l’ouest de cette localité, on voit Gennecy, un grand ensemble d’habitations qui détonnent un peu, si loin de la ville. C’est alors la descente sur La Plaine - siège du célèbre créateur de parfums Firmenich, fleuron de l’industrie genevoise - pour retrouver le Rhône. On le traverse par un pont sans charme, mais fonctionnel. Heureusement, de l’autre côté, de belles vignes accueillent le randonneur. Après un petit passage en forêt surprenant par sa végétation, ces mêmes vignes l’accompagneront jusqu’à Dardagny, but de l’excursion. On ne quittera pas ce village sans jeter un coup d’oeil sur son magnifique château dont les origines remontent au XIIIe siècle.
La décroissance totale au Säntis N° 1022
Gamplüt • SG

La décroissance totale au Säntis

La télécabine se balance très lentement au-dessus des prés et déjà des cimes rocheuses s’élèvent derrière les sapins: le Schafberg et, encore plus loin, l’Altmann. Selon un des randonneurs assis dans la télécabine à six places, c’est ce qui fait la beauté de la région du Säntis. «L’Alpstein est à la fois folklo et charmant.» Des cheveux blancs comme neige couronnent son visage tanné et la couleur bleue des eaux d’un lac alpin éclaire ses yeux. «C’est un domaine de randonnée typique pour les randonneurs», ajoute la dame à côté de lui avec un fort accent zurichois. Une ascension plaisante pour un début de randonnée: la télécabine qui monte à Gamplüt est une véritable thérapie. Jusqu’ici, c’est également la seule installation en Suisse qui fonctionne à l’énergie solaire. A Gamplüt, les chemins se séparent. Le parcours se poursuit sur le charmant alpage vers le nord, puis à gauche à travers une forêt clairsemée de feuillus avant de redescendre vers Alpli par un chemin forestier. Là, on balaye du regard la source de la Thur, dans le massif du Säntis, et le paysage jusqu’aux Churfirsten, où l’on a l’impression que de gigantesques corps de morses se succèdent: une petite pause s’impose avant de reprendre le chemin qui grimpe en zigzags sur 1000 m de dénivelé, jusqu’à la crête, dans le massif de l’Alpstein. Derrière Lauchwiss, au nord de Stoss, une petite partie est exposée, mais très vite on atteint le Stosssattel. De retour du côté sud de l’arête, le chemin s’enfonce dans un paysage lunaire karstique et traverse d’énormes plaques d’argent sur lesquelles les grimpeurs s’entraînent volontiers. De retour en haut de la crête, on parvient rapidement à l’auberge de montagne de Tierwis. Là, trois possibilités s’offrent au randonneur: répartir la randonnée sur deux jours et dormir à l’auberge, prendre le téléphérique du Säntis à l’arrêt intermédiaire Stütze situé à 30 minutes ou bien poursuivre le circuit sur un autre lapiaz impressionnant et retourner à la télécabine de Gamplüt.
Dans les Alpes schwyzoises N° 1021
Klein Sternen — Unteriberg • SZ

Dans les Alpes schwyzoises

Pour bien commencer cette journée, on se rend tranquillement en téléphérique dans le domaine de Hoch-Ybrig, propice à la randonnée, au départ de la station Weglosen. Arrivé à la station intermédiaire, cela vaut la peine de faire un petit détour vers Seebli avant de prendre le télésiège pour s’élancer vers Klein Sternen. D’immenses pétasites poussent autour de ce petit lac de montagne et leur couleur est digne d’une œuvre d’art à la fin de l’été. A l’arrivée du télésiège, la première chose que l’on aperçoit est Blanche-Neige et les sept nains devant leur chalet d’alpage. Un panneau indicateur bien chargé nous montre qu’une seule randonnée dans la région ne suffira pas pour découvrir la diversité de ce paradis de la randonnée. Le début de la randonnée est plutôt facile et prometteur. Mais après quelques minutes déjà, le chemin monte à travers des pentes herbeuses. Les randonneurs n’ayant pas le vertige pourront jeter un œil vers le bas sans problème, mais les autres devront surmonter leur angoisse sur environ 500 m ou, mieux encore, choisir le chemin en corniche passant par le col du Trittli qui mène également à la Druesberghütte. Il est tout à fait possible d’arrêter sa randonnée ici pour profiter de cette chaleureuse auberge de montagne, puis de redescendre à Weglosen en trottibike. Quiconque poursuivra sa randonnée découvrira des sommets aux formes intéressantes et profitera de la vue magnifique sur les Alpes glaronnaises et schwyzoises. Les vaches ont déjà brouté une grande partie des alpes. Au bord du chemin, les carlines acaules épineuses qu’elles ont rechigné à manger fleurissent de plus belle. Lors de la descente vers Unteriberg en fin d’après-midi, on aperçoit le lac de Sihl de couleur bleu ciel. Les randonneurs souhaitant poursuivre leur chemin peuvent longer la rivière Minster pour atteindre la rive du lac de Sihl. Quiconque souhaite terminer sa randonnée ou choisir une douceur dans la boulangerie du village bifurque vers Unteriberg.
Arbres noueux, rocheux vertigineux N° 1149
Egg — Tal • UR

Arbres noueux, rocheux vertigineux

Il faut bien l’admettre, on ne s’attend pas à trouver un petit coin calme sur l’axe de transit du Gothard. À Amsteg, une gorge étroite bifurque sur la droite. Après ce passage sinueux, on débouche sur une vallée paisible d’une beauté paradisiaque. Il faut un peu de temps pour reconnaître toutes les particularités de la vallée du Maderanertal. Elle doit son nom à un riche Tessinois d’Airolo qui a découvert le paysage rocheux en vue de l’exploitation du fer. M. Madrano fit exploiter le minerai de fer à 2 600 m. Le fer était ensuite immédiatement transformé dans les forges et ferronneries situées dans la vallée. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de traces de l’«âge de fer» dans la vallée. Des prairies de fleurs colorées, des forêts de montagne aux arbres noueux, des pics rocheux vertigineux et le lac idyllique de Golzern attirent les visiteurs. Le chemin offre des vues panoramiques d’une beauté inégalée sur des lacs clairs et scintillants entourés de forêts sombres. On est bien loin du bruit de l’autoroute: seuls la nature sauvage et les escarpements des montagnes caractérisent la longue vallée et ses cascades jaillissantes. Au fond de la vallée, le glacier autrefois imposant de Hüfigletscher a légué un précieux pierrier entre les pans rocheux rabotés sur lesquels de nombreuses orchidées, des souliers de Notre-Dame plus précisément, fleurissent au mois de juin. Les lis orangés sauvages et devenus rares sont chez eux dans la vallée, prouvant ainsi combien la nature est encore libre de se déployer ici. Les connaisseurs savent apprécier la richesse en minéraux de la vallée uranaise. Et comme les locaux sont loin d’être avares, ces derniers offrent des cristaux sur de petits stands inoccupés le long des chemins de randonnée. Dans cette vallée où le temps semble s’être arrêté, on fait confiance aux visiteurs et on croit en leur honnêteté.
Paysage enchanté dans un coin sauvage ZH N° 1106
Wald (ZH) — Steg • ZH

Paysage enchanté dans un coin sauvage ZH

Un étrange voyageur de petite taille apparut un jour à un paysan qui vivait tout au fond de la vallée de la Töss. Il recherchait, lui dit-il, le trésor mystérieux du Mondmilchgubel. Le paysan accepta de guider l’étranger dans ce lieu retiré, au cœur de la sombre forêt. Ils se rencontrèrent sur le coup de minuit près d’une voûte en pierre. Une porte en fer luisait dans la nuit. L’étrange chercheur de trésors recommanda à son guide de ne plus prononcer le moindre mot. Il frappa trois fois à une porte qui s’ouvrit sans un bruit… En quittant la petite ville de Wald, on entre soudain dans une gorge boisée, le Sagenraintobel, qui charme par son aspect enchanté, ses mousses, ses fougères et son ruisseau. En divers endroits, bancs et places pour des grillades invitent à une halte. Derrière le parking de Wolfsgrueb, c’est un autre univers. Les vallées où coulent les sources de la Töss sont très encaissées. Des forêts aux pentes abruptes et des parois rocheuses de nagelfluh élancées caractérisent ce paysage de l’arrière-pays zurichois. Le Mondmilchgubel de la légende est d’un accès difficile, mais on atteint par un sentier qui part à droite du chemin la grotte de Brandenfels toute proche, qui est impressionnante elle aussi. Derrière le voile d’eau d’une cascade se trouve une place aménagée dans la roche, équipée d’une fontaine, d’une table, de bancs et d’un foyer. Un site idéal, sous une voûte naturelle, pour se reposer. Dans ce lieu sauvage et romantique, il est aisé de replonger dans l’univers de la légende et du trésor caché. Un sentier raide mène ensuite sur les hauteurs du Hüttchopf, d’où l’on a une vue panoramique sur les collines et les creux boisés de la vallée de la Töss. Du fond de la vallée voisine montent les rumeurs de la civilisation qui nous éloignent un peu trop brutalement de ce paysage magique.
Le chasseur scélérat du Kiental BE N° 1107
Griesalp • BE

Le chasseur scélérat du Kiental BE

En des temps reculés, Hannes Schnyder pratiquait sa passion, la chasse, au fond du Kiental. Au lieu d’aider ses parents aux travaux de la ferme et de l’alpage, il arpentait sans relâche les montagnes en persécutant le gibier farouche. Un jour, il rencontra là-haut, où ne se rend aucun homme, un gaillard étrange vêtu de vert, qui lui proposa un pacte. Cette jeune tête brûlée ne manquerait plus aucune de ses cibles, pour autant qu’elle respecte une condition… L’accès à la Griesalp est une aventure en soi. Sur le parcours en car postal le plus raide d’Europe, le véhicule grimpe lentement le long de virages étroits. A l’arrière de la Griesalp s’ouvre un paysage de haute montagne de carte postale. D’imposants sommets comme la Wilde Frau, le Zahme Andrist et le Gspaltenhorn veillent sur le fond de la vallée recouvert de glaciers. Pas étonnant que le chasseur de la légende ne se soit jamais lassé de les parcourir dans tous les sens. Et son pacte, est-ce sur la Bundalp qu’il le conclut? Les randonneurs d’aujourd’hui, comme les chasseurs d’hier, ne viennent pas à bout de la montée sans suer un peu, mais la vue sur le cirque rocheux du Gamchi récompense leurs efforts. Partout, des rochers abrupts et élancés ne demandent qu’à accueillir la faune et ses poursuivants. Aujourd’hui, ce sont les aigles, les lynx et les gypaètes barbus qui y cherchent leurs proies, car toute la région est un district franc interdit de chasse. On en profitera pour découvrir dans le Gamchi des lieux qui furent le théâtre de légendes, comme le Martinkirchlein (chapelle) et la Wallisbrücke (pont). Un sentier des légendes balisé permet de les rejoindre. Ceux qui n’auraient pas assez goûté à la force de la nature après leur arrivée à la Griesalp peuvent descendre en longeant le Wildwasserweg à Tschingel, où le car postal s’arrête également.
Rochers dentelés et forêts dans le Val Colla TI N° 1108
Cimadera — Brè • TI

Rochers dentelés et forêts dans le Val Colla TI

Dans l’arrière-pays sauvage de Lugano sévissait autrefois une affreuse sorcière capable de faire se déchaîner la nature et d’effrayer tous les habitants des collines boisées. Les pauvres êtres épouvantés se terraient. Seule la reine des lièvres décida de tenir tête à la vieille. Elle convoqua toutes les créatures de la vallée à un conseil secret et leur annonça qu’elle allait partir bien loin, chercher de l’aide. Un an plus tard, elle était de retour, accompagnée d’un homme fort et grand… Le départ a lieu dans le joli village de montagne tessinois de Cimadera. Le chemin traverse un bosquet de bouleaux puis une forêt de hêtres aux troncs noueux qui éveillent l’imagination. On remplira sa gourde dans l’une des fontaines le long du chemin, car il n’y a plus de point d’eau plus haut. Si l’on doit effectuer un long trajet pour se rendre sur place, on dormira la veille à la Capanna Pairolo du SAT. Au-dessus de la cabane, une forêt enchantée, à la frontière avec l’Italie, entoure les roches de calcaire dentelées des Denti della Vecchia. Une foule de créatures gigantesques semble s’est installée sur la crête limitrophe. Dans cet étonnant paysage, la sorcière et ses humeurs ont laissé des marques fortes. Après avoir échappé à l’envoûtement des lieux, les randonneurs fatigués peuvent se reposer et se restaurer à la cabane Alpe Bolla, non loin de laquelle se dressent des hêtres d’un âge vénérable. Les mêmes arbres aux formes vivantes les accompagnent dans la descente vers Brè. Ce village paisible étant un lieu d’excursion apprécié, il peut parfois être bien fréquenté. Pour s’offrir une belle fin de randonnée et une vue dégagée sur la région de Lugano et son lac, on rejoindra en une demi-heure à pied le Monte Brè. Du «sommet le plus ensoleillé de Suisse», un funiculaire redescend dans la périphérie de Lugano, vers la civilisation.
Le Hardmännliloch à la Ramsflue AG N° 1109
Staffelegg — Breitmis • AG

Le Hardmännliloch à la Ramsflue AG

Un beau jour, à la saison des moissons, deux jeunes filles coupaient des épis mûrs. Soudain, l’une d’entre elles découvrit un gros crapaud qu’elle voulut tuer avec sa faucille, ma sa sœur s’interposa. «Tu ne vois pas que c’est une femelle portante?». L’aînée rit et dit d’un ton moqueur au crapaud: «si tu as besoin d’une marraine pour ton petit, appelle-moi pour le baptême.» Une fois de retour chez elles, les jeunes filles évoquèrent la rencontre. Leur mère s’inquiéta. «Ma fille, une fois de plus, tu n’as pas pu tenir ta langue, et tu ne sais même pas à qui tu t’es adressée ainsi …» Pour rejoindre le royaume des lutins, on peut partir de la Staffelegg ou du Bänkerjoch (belle place pour les grillades dans la hêtraie). La région de la Wasserflue se parcourt aisément à pied et offre par beau temps une vue grandiose sur le Plateau central, et même l’arc alpin. D’après la légende, de profondes failles dans le terrain mènent au monde souterrain des lutins. Une tour radio moderne pointe, elle, vers le ciel. En passant devant le joli hameau de Hard, on suit le sentier vers le site rocheux de la Ramsflue, où auraient vécu les nains. Au trou des lutins tout proche, le Hardmännliloch, les plus courageux peuvent pénétrer dans la grotte, ramper le long du passage de plus en plus étroit dans les profondeurs de la roche calcaire du Jura (le sol est humide et argileux) et chercher l’accès au château des lutins. En dessous de la paroi rocheuse se trouvait autrefois une source aux vertus curatives connue loin à la ronde, le Laurenzenbad. En été, les sœurs du couvent des clarisses proposent boissons et gâteaux le samedi après-midi. Ceux qui veulent rejoindre les hauteurs et profiter de la vue monteront à la Salhöhe, où ils prendront le car postal. Il existe aussi un arrêt de bus à Breitmis, non loin de l’ancien établissement thermal.
Roche druidique près de Bourrignon JU N° 1105
Bourrignon — Pleigne • JU

Roche druidique près de Bourrignon JU

Au printemps, au sortir des rigueurs de l’hiver, la prêtresse des Druides envoyait depuis les hauteurs du Jura un jeune homme parcourir la région. Vêtu d’habits verts, il portait un rameau d’aubépine en fleurs à la main. Il se rendait dans les villages de l’Ajoie, juché sur un destrier blanc richement harnaché, et annonçait à voix haute le retour du mois de mai. La plus belle jeune fille de la région prenait place sur la croupe du cheval et chantait l’arrivée prochaine de l’été… Une atmosphère étrange règne dans certains lieux de notre pays, sans que l’on ne sache pourquoi. C’est le cas du site de la «Fille de mai», ce monolithe en calcaire proche de la frontière avec l’Alsace. Cette roche dont la forme rappelle celle d’une femme s’élève sur 33 mètres au-dessus de la cime des hêtres. Pour l’ancienne civilisation celte, elle représentait la déesse-mère Maïa. On la distingue de loin déjà depuis notre point de départ, le village de Bourrignon. Avant d’aller voir la déesse antique, nous montons vers les hautes crêtes du Jura septentrional par des forêts enchantées, peuplées de hêtres noueux et de houx. Le site de la Grande Roche offre une belle vue sur la région plate de l’Ajoie. Après l’ivresse des hauteurs, celle des profondeurs: au fond de la cluse de Lucelle, l’ancienne abbaye se reflète mystérieusement dans l’eau calme de l’étang. Non loin, on rejoint par un détour une petite grotte au-dessus du chemin de randonnée. Une ambiance particulière se dégage encore de ce site de cultes, qui rassasie spirituellement les âmes affamées. Sur le chemin forestier qui traverse la Côte de Mai, un panneau en bois indique enfin le rocher de la déesse celte, auquel on n’accède que par un étroit sentier. Ce lieu est baigné d’une aura particulière, celle des fêtes sacrées au cours desquelles on célébrait la nature.
Sous l'eau glaciale N° 1073
Klöntal, Plätz — Rhodannenberg • GL

Sous l'eau glaciale

On raconte deux histoires sur la glace dans le Klöntal, l’une révolue et l’autre actuelle et sucrée. La première commence durant l’hiver 1862, lorsque Gabriel Leuziger eut l’idée de découper des blocs de glace à la scie dans le lac gelé. Il les amena à Netstal et les conserva. On se moqua de lui jusqu’à ce que l’on réalise les bonnes affaires que l’on pouvait en tirer. Dix ans plus tard, des centaines de travailleurs étaient à l’œuvre sur le lac, armés de pioches, de scies, de cordes et de crochets, chargeant des quantités de glace sur des charrettes tirées par des chevaux. Les brasseries, les hôtels, les hôpitaux et même les bateaux à vapeur navigant sur les mers réclamaient de la glace. De nos jours, au printemps, lorsque le niveau de l’eau du lac de Klöntal est bas, on aperçoit encore les murs d’anciennes cabanes près d’Unter Herberig. C’est ici qu’était conservée la glace avant d’être livrée en été. Les affaires fleurirent jusque dans les années 1950 et l’invention du réfrigérateur. Cette histoire a inspiré André van Sprundel. Chaque été depuis plus de 25 ans, l’hôtelier de Rhodannenberg traverse le lac à bord de son Ice Dream Express et approvisionne randonneurs et baigneurs en glaces. On voit venir son petit bateau coloré de loin, et tous attendent l’appel du «Glacemaa», l’homme aux glaces. Celui-ci n’a d’ailleurs pas beaucoup de temps pour faire sa tournée, car les glaces fondent vite. Le petit bateau est une agréable récompense au terme d’une randonnée familiale le long du lac de Klöntal, qui commence derrière le Restaurant Im Plätz, à l’extrémité ouest du lac. Une fois sur le chemin balisé, il est quasi impossible de se perdre. La randonnée plane reste majoritairement dans la forêt ombragée, passant des lieux de baignade, une cascade et le Bärentritt, qui renfermerait dans ses profondeurs le trésor de guerre du général russe Souvorov depuis 1799.
Dans l’univers de Babeli 1 N° 1075
Start point — Schönengrund • SG

Dans l’univers de Babeli 1

A droite s’étend le Toggenbourg, à gauche le pays d’Appenzell. Au sommet du Wilket, un randonneur admire les collines couchées à ses pieds et constate: «Si l’on passait la région au fer à repasser, elle serait trois fois plus vaste.» La première des trois étapes du chemin d’altitude du Neckertal mène de Mogelsberg au Wilkethöchi, puis à Schönengrund, en passant par le restaurant de montagne Bergli et d’autres points de vue. Le Neckertal n’est pas une des grandes régions touristiques de Suisse, ce qui lui a permis de préserver son authenticité: c’est précisément ce qui fait son charme. Et parce que les villages et les fermes ressemblent encore à ceux d’il y a cent ans, le panorama rappelle les paysages des peintures paysannes d’Appenzell. Une des grandes représentantes de cet art populaire se nomme Anna Barbara Aemisegger-Giezendanner (1835–1905), dite «Babeli». Elle peignait avec un foisonnement de détails des scènes de la vie de tous les jours. Aujourd’hui, les collectionneurs d’art paient très cher pour acquérir ses tableaux, alors que l’artiste, veuve et élevant seule ses enfants, dut lutter sans répit pour survivre. Après Mogelsberg, les collines sont tout d’abord rondes et douces, et pas encore très hautes. Quelques kilomètres plus loin, les petites vallées se font plus escarpées et les arêtes plus vives. Au Toggenbourg, les Alpes descendent bas, et le caractère alpin s’impose déjà à 800 mètres d’altitude. Le week-end, on peut faire une première halte à l’auberge de montagne Alp Wimpfel avant d’entamer l’ascension du Wilkethöchi. L’itinéraire monte et descend ensuite à travers un paysage typique parsemé de jolies fermes isolées. Avant Schönengrund, les collines se font à nouveau plus basses, rondes et douces comme les âmes des paysans de la contrée.
Dans l’univers de Babeli 2 N° 1076
Schwägalp — Hemberg • SG

Dans l’univers de Babeli 2

La 3e étape mène du chemin panoramique du Neckertal par un enchaînement de coteaux sur près de 20 kilomètres, jusqu’à Hemberg. C’est là qu’Anna Barbara Aemisegger-Giezendanner, peintre surnommée «s’Giezedanners Babeli», est décédée. C’était en 1905 dans la maison des pauvres, après une longue odyssée emprunte de pauvreté, qui l’a menée avec ses crayons et pinceaux à travers le Toggenbourg. Le mieux est de partir du col Schwägalp Passhöhe. Un chemin passe par la tourbière et mène au Chräzerenpass , puis une route conduit à l’alpage Alp Horn. Ici, c’est le Neckertal. Le chemin continue ensuite vers l’alpage Ellbogen, offrant une vue impressionnante sur la gorge Ofenloch, tout en pierrailles. La montée vers le sommet du Hinterfallenchopf en fait suer plus d’un sous le soleil. Mais, en guise de récompense, la vue magnifique sur le Säntis et surplombant le Toggenbourg jusqu’aux Alpes est enchanteresse. Après une bonne pause, la randonnée se poursuit par une descente vers l’alpage Chlosteralp. La montée vers le petit sommet Gössigenhöchi se fait en partie hors sentier, mais on peut difficilement s’égarer. La crête mène au point panoramique où les marcheurs pourront se requinquer avant d’amorcer la descente en lacets jusqu’à Kehren. Ensuite, ils traversent la forêt jusqu’à Grundlosen, puis un petit bout sur la route, avant de prendre un chemin de prairie et de forêt (qui peut être très mouillé) le long des collines (Schlattegg) jusqu’à Bendel. C’est dans ce hameau qu’est née en 1831 «s’Giezedanners Babeli». Son œuvre est riche de représentations de maisons, de villages et de scènes paysannes autour de Hemberg et Kappel. A Bendel, le seul restaurant du trajet attend le randonneur: le «Sternen». La maison juste à sa droite serait la maison natale et parentale de Babeli. Avant le hameau, une route mène dans la forêt et conduit jusqu’à Hemberg, en passant par Riegelschwendi. Dans le temps, un atelier de tissage de mousseline y perpétrait une longue tradition, assurant aussi à Babeli, veuve et mère éduquant seule ses enfants, un revenu accessoire indispensable.
Le col de Surenen N° 1019
Fürenalp — Brüsti • OW

Le col de Surenen

La petite chapelle se niche de façon idyllique dans les collines de la Blackenalp. Pour les habitants, c’est un lieu d’énergie. Et cette énergie ancestrale se ressent dans l’alpage situé au coeur des montagnes Schlossstock, Wissigstock et Blackenstock. La légende de Surenen née ici est elle aussi ancestrale. D’après les archives d’Engelberg, un monstre - le Greiss - aurait fait rage ici à l’époque. Un jeune berger aurait voulu baptiser son agneau préféré avec de l’eau bénite provenant de l’Eglise d’Attinghausen. Sur ce, l’animal se serait transformé en monstre et aurait semé la terreur en faisant des morts. Seul un jeune taureau blanc-argenté parvint à en venir à bout. Il fut engraissé pendant 9 ans pour devenir un taureau puissant. Puis, une vierge l’amena à Surenen en passant par le col. Au cours d’une bataille, le taureau vainquit le monstre. La chapelle et le ruisseau ont été nommés d’après le taureau. Sous la Blackenalp, le ruisseau se jette dans la vallée en une cascade imposante. Il faut une bonne heure de marche pour atteindre la cascade. Le chemin part de la station supérieure Fürenalp, avec son auberge, et traverse d’abord de belles prairies. A droite, on a vue sur les montagnes impressionnantes du grand et du petit Spannort. Derrière la Blackenalp, le paysage devient plus aride et le chemin monte de façon plus abrupte en direction du col de Surenen. Du côté uranais, on traverse les éboulis en pente raide. Plus loin, le chemin longe une large crête et offre une vue spectaculaire sur le lac d’Uri et l’alpage de Waldnacht. Un passage court est sécurisé par des cordes. Ensuite, la télécabine n’est plus très loin. Elle nous ramène sans peine vers la vallée, située 1000 mètres plus bas.
Des rives du Lac de Joux... N° 1016
Le Pont • VD

Des rives du Lac de Joux...

En cette matinée de juillet, c'est un lac de Joux encore embrumé qui nous accueille à notre arrivée à la gare de Pont. La randonnée commence sur sa rive sur quelques centaines de mètres, puis on travers la route à gauche pour entamer la montée. On pénètre dans la forêt sur un petit chemin de pierre où de grands sapins semblent nous saluer. S'en suit une alternance de chemins et de route, dont un long bout droit peu intéressant. À la Dent Dessous, on arrive sur un parcours de pierre qui monte assez raide et dont on devine la sinuosité. Après deux virages, on voit déjà le lac de Joux en contrebas. On atteint la Petite Dent Dessus, où la famille Fuchs passe l'été, fabriquant et vendant son bon fromage d'Alpage. De là, l'itinéraire se poursuit dans l'herbe. La montée est abrupte et se fait au son des cloches de vaches. Les bovidés nous accueillent placidement au sommet. Elles sont dociles, mais prudence. Déjà, on voit le chalet restaurant Dent de Vaulion –accessible en voiture- et qui est ouvert de mi-mai à fin octobre. En quinze minutes, on rejoint le sommet de la Dent de Vaulion. Le panorama y est magique. La vue à 360° nous permet d'admirer le lac Léman et les Alpes. Des bancs invitent à se détendre et des tables à se restaurer. En descendant, on repasse devant le chalet restaurant. On pénètre dans une jolie sapinière. Ici, c'est le son des grillons qui nous accompagne. On franchit un tourniquet pour entrer dans la forêt. Attention aux racines d'arbres et aux pierres glissantes. Après une longue marche, on rejoint la clairière à droite et finalement le chemin emprunté à la montée. De là, il faut compter une vingtaine de minutes pour rejoindre les rives du Lac de Joux, où les brumes matinales se sont désormais dissipées.
Etre et disparaître à Aletsch VS N° 1101
Belalp — Riederalp • VS

Etre et disparaître à Aletsch VS

Il y a bien longtemps de cela, une vieille femme vivait seule dans une cabane au bord du glacier d’Aletsch. Elle passait son temps à filer et à prier pour les pauvres âmes emprisonnées dans le glacier. Le soir, lorsqu’elle allait se coucher, elle laissait les esprits entrer dans son logis bien chaud. Ceux-ci soupiraient alors près du fourneau tout au long de la nuit, pendant que la vieille dormait, insouciante. Lors d’une froide nuit d’hiver, la fileuse travailla plus longtemps que d’habitude. Dehors, les pauvres âmes demandaient à pénétrer à l’intérieur. La vieille perdit patience et finit par leur dire d’entrer en oubliant de prononcer les mots qui devaient la protéger. La porte s’ouvrit alors d’un coup, laissant pénétrer un flot de spectres gémissants… Pour les vieux Valaisans, les âmes des défunts devaient expier dans les entrailles inhospitalières d’un glacier les péchés commis de leur vivant. Derrière l’hôtel Belalp s’ouvre un paysage montagneux âpre et sauvage au-dessus des plus imposants géants de glace des Alpes. A distance respectable, la vue de cet «enfer de glace» est superbe. Sur l’Alp Oberaletsch se dresse une minuscule chapelle dans laquelle on peut voir un tableau représentant la vieille fileuse. Recueillait-elle vraiment les âmes pénitentes dans l’une de ces cabanes en bois noircies par le temps? Depuis le spectaculaire pont suspendu, le regard porte sur la carapace de glace toute proche. La glace qui fond réduit-elle aussi le nombre de pécheurs? Le glacier en recul cède en tout cas la place à de nouvelles terres et a permis au ravissant Grünsee de se créer, de l’autre côté de la gorge. Ici commence la mystérieuse forêt d’Aletsch. Partout, des petits arbres prennent pied sur le bois en décomposition des troncs vénérables tombés à terre. Un symbole évocateur du renouveau perpétuel de la nature.