Être privée de randonnée
C’est justement la proximité avec les chemins pédestres, situés littéralement devant le pas de la porte, qui avait incité mes parents à louer pour tout l’été ce spacieux chalet dans le village haut-valaisan de Grächen. Sans compter les fameux bisses, s’écoulant paisiblement sur pas moins de quatre étages au-dessus de la maison de vacances. Certes, la météo n’était pas très engageante: des nuages menaçants s’accrochaient aux sommets environnants et le mercure affichait péniblement 10 degrés. Raison de plus pour liquider vite fait bien fait la randonnée dominicale et revenir se cocooner devant un bon feu de cheminée.
C’est dans la joie et dans la bonne humeur que notre petite troupe bigarrée – nous arborons tous des vestes imperméables aux couleurs pétantes – s’attaque au tronçon asphalté qui sert de marche d’approche vers le premier bisse, le Bineri. Pressés de fouler un sol moins dur, nous montons droit dans la forêt parmi les racines détrempées par les précipitations des jours précédents. Juste avant que nous atteignions le canal d’irrigation, notre marche est interrompue net par une corde jaune pétant bloquant le sentier dans toute sa largeur. Comme si cet obstacle n’était pas assez parlant, un panneau indique en toutes lettres que le chemin est barré. Vu les quantités de pluie tombées du ciel depuis le début de l’été, pas étonnant que les responsables locaux redoutent des crues et des glissements de terrain. Nous rebroussons chemin avec philosophie, nous estimant chanceux de ne pas être dans la même situation que mes amis bernois du quartier de la Matte qui, d’après ce que nous avons entendu à la radio, ont les pieds – et la cave – dans l’eau ces jours-ci.
Revenus sur la route d’accès goudronnée, nous apercevons un autre chemin balisé s’enfilant sous le couvert des arbres. Dix minutes et autant de faux espoirs plus loin, nous nous retrouvons face à une deuxième corde jaune, affichant la même sentence implacable: interdit d’aller plus loin. Retour à la case départ, sur un revêtement en dur. Et changement de stratégie: cette fois, nous allons tenter notre chance de l’autre côté du village, là où le chemin d’accès aux bisses est moins accidenté. Au moment où nous repassons devant notre chalet, nous sentons les premières gouttes tomber sur nos têtes. Notre motivation en prend pour son grade. Mais nous remontons bravement nos capuches et attaquons notre troisième montée du jour dans la forêt.
Cette fois-ci, pas besoin d’aller jusqu’au bisse: la corde jaune est visible de loin. Pour la forme, nous tenons un conseil de famille et évoquons la possibilité de monter au lac par une large route forestière. Mais le cœur n’y est plus. Tournant le dos au panneau indicateur jaune tentant de nous faire rejoindre le chalet par de petits chemins de traverse, nous nous engageons d’un pas résolu sur la route la plus directe (et la plus asphaltée). Dix minutes plus tard, nous sommes attablés au chaud et au sec, devant de généreuses parts de tarte aux abricots surmontées de chantilly. Promis, demain, nous irons faire une longue randonnée pour compenser.
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